11/08/2025
Apprendre à nager à tous les jeunes, avec les équipements nécessaires sur les territoires.
Par l'Union interdépartementale MRC Nouvelle-Aquitaine
En cet été 2025, l'augmentation malheureuse des noyades vient dramatiquement rappeler que l'apprentissage de la natation est bien un impératif d'utilité publique. Si le bilan dressé est en partie lié au contexte des temps caniculaires, avec un besoin accru de se rafraîchir, et à des prises de risque dans des secteurs où la baignade est interdite ou non surveillée, il vient incontestablement confirmer des tendances de fond, avec une capacité à nager qui reste loin de concerner l'ensemble de la population, et un nombre insuffisant d'équipements – ou leur vétusté – et de moyens pour l'apprentissage de la nage. Un Français sur sept déclare ne pas savoir nager et le Bulletin « Noyades » de Santé publique France du 1er août 2025 note que « L’augmentation du nombre total de noyades en 2025 par rapport à 2024 a concerné toutes les classes d’âge ». Cependant, les plus jeunes sont très touchés, et la proportion de noyades suivies de décès reste particulièrement élevée chez les enfants et adolescents. Nous constatons donc que la prise de position du MRC 17 du 10 octobre 2022 « Apprendre à nager, une priorité : pour la sécurité » reste d'une poignante actualité.
Les moyens nécessaires doivent être mis en œuvre pour que tous les enfants et les jeunes apprennent effectivement à nager. Force est de constater, avec le maintien d’une proportion conséquente d’élèves ne sachant pas encore nager, non seulement à l’entrée mais encore à l’issue du collège, et le fait que les noyades soient la première cause de mortalité par accident de la vie courante chez les jeunes, que cet objectif n’est pas atteint. Rappelons que 70% des piscines publiques ont été construites avant 1995, et que des centaines de collèges n'y ont pas accès.
Les Conseils municipaux ou communautaires débattent de l’entretien des équipements existants, des projets de rénovation ou d’édification de nouvelles piscines publiques ou de centres aquatiques. Apparaissent fréquemment des clivages sur les enjeux, et en particulier sur les coûts de construction et de fonctionnement. Quand des décisions sont reportées, lorsque des projets restent en suspens pendant des années, des équipements ne sont pas remplacés ou ne le sont qu’avec de longs délais de vacances sur des territoires. Les usagers se trouvent contraints à de longs trajets pour accéder à une piscine publique, ou privés d'accès, et les possibilités d’apprentissage de la nage en sont considérablement affectées. Des choix localement faits pour contourner la réalisation des équipements en cherchant des alternatives peuvent se trouver pris en défaut : ainsi lorsque des plages aménagées pour la nage sont fermées, comme cet été en Dordogne, dans une situation où ce département est un des plus mal équipés de France en piscines couvertes.
Alors que des champions olympiques de natation avancent l'idée d'un nouveau « Plan piscine », et que l’État devrait jouer son rôle pour planifier, impulser, subventionner nationalement, n’est-il pas possible d’interroger aussi les niveaux de collectivités territoriales à impliquer afin de retrouver un réseau cohérent de piscines publiques ? Les départements ne devraient-ils pas jouer un rôle renforcé de planification et de veille sur le maintien d’un réseau effectif sur l’ensemble des territoires et venir épauler plus activement les communes et les Établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), afin d’éviter que des territoires ne souffrent d’un sous-équipement flagrant ? Il est manifeste qu'il faut retrouver, à tous les niveaux, une volonté politique.
La priorité doit être la préservation des vies humaines : les financements, les moyens – dont les moyens humains –, les équipements, les actions doivent être mis en œuvre par l’ensemble des acteurs, des ministères – du Sport, de l’Éducation nationale… – aux collectivités et EPCI, en passant par la Fédération française de natation.
A Saintes, le 12 août 2025