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17/06/2025
UN POINT DE VUE LIBÉRAL NON ÉTAYÉ POUR SERVIR LES OBJECTIFS INAVOUÉS DU GOUVERNEMENT.
Par l'Exécutif national
Après la mise à pied du précédent président du Conseil d’Orientation des Retraites qui n’avait pas caché ses doutes sur la réforme de 2023, le choix d’un nouveau président par Emmanuel Macron n’avait qu’un seul objectif : trouver un président aux ordres de l’Elysée. Objectif atteint !
Le rapport du COR révèle une approche très "libérale" de la question des retraites. Il est surtout fondé sur une méthode très approximative. La prévision à 5 ans du déficit des régimes de retraite de base est ainsi divisée par 2 au regard des chiffres avancés il y a 6 mois par le même organisme ; sans que l'on sache vraiment pourquoi d’ailleurs. Ce devrait être une bonne nouvelle à mettre au panier des négociations en cours entre partenaires sociaux.
En revanche le même rapport nous annonce un déficit de 1,4 point de PIB pour 2070, soit… dans 45 ans ! Sans aucune projection sérieuse sur la situation démographique, les taux de croissance, les taux d'intérêt, les taux d'emploi, l'évolution et la nature des modes de production… ce qui paraît fort aléatoire à une distance de presque un demi-siècle.
Le rapport évoque, de façon à ne faire apparaître qu’une « seule » bonne solution, plusieurs pistes convenues pour éviter une dérive comptable : augmentation pour tous des cotisations, baisse générale des pensions sous forme de désindexation, ou recul progressif de l'âge légal de la retraite jusqu'à 66 ans et 6mois... en 2070. Cette dernière piste, présentée en conclusion comme la moins mauvaise solution, néglige les questions essentielles de pénibilité, de disparité, d'espérance de vie, d'égalité homme/femme… Elle fait l'impasse sur le volume exorbitant des exonérations de cotisations ou sur l'utilisation du fonds de réserve. Elle ne retient pas davantage la possibilité d'une négociation avec les régimes complémentaires qui disposent de plus de 80 milliards de réserves ou encore la nécessaire taxation des retraites "chapeaux". L'éventualité d'une extension du seuil de non déductibilité de la CSG ou d'une proportionalisation des cotisations sociales au delà du plafond ne sont même pas étudiées. Enfin le rapport élude la perspective d'un taux de croissance plus élevé, faute de réflexion sur une alternative économique, d’une hausse des salaires, d’une ré-industrialisation soutenue du pays et d’une plus grande parité salariale femme/homme.
Le parti pris du rapport est évident. Il interdit au COR de traiter le sujet et de répondre à une réalité sociale malheureusement bien ancrée : près d'un salarié sur 2 du secteur privé se trouve hors situation d’emploi au moment de faire valoir ses droits à la retraite. Le taux d'emploi des plus de 56 ans reste inférieur à 6o% dans le privé. Et les entreprises continuent d’exclure les seniors de leurs effectifs le plus tôt possible. Les résultats, attendus par nos dirigeants inféodés aux règles de rentabilité de plus en plus folles, sont la baisse du montant des pensions, la paupérisation d’une grande majorité de la population, en particulier ceux dont « la retraite est le seul capital », et la perte de confiance dans un système par répartition qui a pourtant fait ses preuves depuis 80 ans. Une fois de plus le gouvernement a choisi son camp ! Et ce n’est pas celui du peuple.